Page:Abregé de la vie des peintres (Roger de Piles, Muguet, 1699).djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous jugerions des Edifices d’Athénes, de Corinthe & de l’ancienne Rome, avec plus de fondement encore & de certitude, que par les ſeuls fragmens qui qui nous en ſont reſtez. Pauſanias, qui nous fait une ſi éxacte déſcription de la Gréce, & qui nous y conduit en tous lieux comme par la main, auroit accompagné ſes Diſcours de Figures démonſtratives, qui ſeroient venuës juſqu’à nous, & nous aurions le plaiſir de voir, non ſelement les Temples & les Palais tels qu’ils étoient dans leur perfection, mais nous aurions auſſi hérité des anciens Ouvriers l’Art de les bien bâtir. Vitruve, dont les démonſtrations ont été perduës, ne nous auroit pas laiſſé ignorer tous les inſtrumens & toutes les machines qu’il nous décrit, & nous ne trouverions pas dans ſon Livre tant de lieux obſcurs, ſi les Eſtampes nous avoient conſervé les Figures qu’il avoit faites, & dont il nous parle luy-même. Car en fait d’Arts, elles ſont les lumières du Diſcours, & les véritables moyens par où les Auteurs ſe communiquent : C’eſt encore par le manque de ces moyens que nous avons perdu les Machines d’Archiméde & de Héron l’Ancien, & la connoiſſance de beaucoup de Plantes de Dioſcoride, de