Page:Académie française - Recueil des discours, 1850-1859, 2e partie, 1860.djvu/445

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Qu’est-ce donc que ce monde, et qu’y venons-nous faire,
Si, pour qu’on vive en paix, il faut voiler les cieux ?
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Je souffre, il est trop tard ; le monde s’est frit vieux.
Une immense espérance a traversé la terre ;
Malgré nous vers le ciel il faut lever les yeux !


Ses lecteurs d’autrefois auraient-il soupçonné, à travers les emportements de ses débuts, une raison si droite, un Ici souci des hautes croyances, un tel besoin d’idéal et d’infini ? Avec combien de lucide fermeté cet esprit, si ébloui d’abord par le vertige de la jeunesse, arrive à se poser les redoutables problèmes de nos destinées ! A travers les indécisions d’une loyale intelligence, jamais un cœur plus affamé de la vérité ne s’est élancé vers elle avec plus de force et ne l’a suppliée plus éloquemment. Courage, ô poète ! encore un coup d’aile, et de cette région déjà si haute, mais si tourmentée, vous parviendrez, au-dessus des doutes qui vous restent, à la clarté sereine, au calme dans la vérité, à la foi qui vous échappe, et dont vous êtes digne par la franchise et la véhémence de vos désirs.

A cette âme, capable d’un tel essor et d’une intention si droite, un secours a été refusé, dont les plus forts et les plus sages ont besoin, le souffle et l’appui d’une époque moins indécise, la lumière d’une conscience publique. Soutenu par une tradition plus pure et mieux affermie, il eût franchi le dernier degré qui le séparait encore des croyances nécessaires aux grandes inspirations. Là il aurait pris des forces pour l’œuvre nouvelle si glorieusement commencée avec les Nuits et l’Espoir en Dieu.

Un témoignage nous reste de tout ce qu’il a fait, de