Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/330

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fortune, mais son existence entière aux malheureux. Toutes les œuvres de la ville de Bailleul, si fidèle à ses antiques traditions de foi et de charité, trouvent en elle une coopératrice ou une directrice aussi active que zélée. Les frères des écoles chrétiennes et les dames de Saint-Maur pour L’éducation populaire, la maison de la Providence pour les pauvres malades, L’école Dominicale, où Mme Van der Meersch a élu domicile en quittant sa propre maison et toutes les habitudes, tous les agréments de sa position sociale, mais où six cents jeunes filles pauvres recueillent de ses mains le double trésor de l’instruction religieuse et de l’amour du travail ; voilà ce qu’une seule ville, une seule femme ont su créer en quelques années pour le service du peuple et de la religion ! Cette ville s’adresse à nous avec instance, par un Mémoire revêtu d’innombrables signatures, pour que nous imprimions le sceau d’un hommage public et solennel à la vertu de cette femme de bien. Mme Van der Meersch, nous dit-elle, « sent déjà le poids de l’âge s’ajouter au fardeau si lourd de ses grandes et nobles entreprises. La ville de Bailleul ne peut consentir à la voir disparaître sans jouir du bonheur de voir la patrie tout entière associée à sa reconnaissance. » Le conseil général du Nord, le conseil d’arrondissement de Hazebrouck, rendent, de leur côté, un témoignage officiel à celle que le préfet appelle la bienfaitrice de Bailleul. Sa fortune la met au-dessus du besoin d’un concours pécuniaire, mais l’Académie n’en veut pas moins lui décerner le prix Montyon, sous la forme de l’admiration qu’elle charge son directeur d’exprimer publiquement pour cette longue vie, remplie et dominée par une charité si courageuse, si féconde et si éclairée.