Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/340

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sans cesse répété à cette place, l’immense majorité des actes de charité, de courage et de dévouement qui chaque jour s’accomplissent en France, échappe à notre connaissance comme à notre juridiction. Nous ne sommes pas à l’affût des actes de vertu, pour les saisir au passage comme de rares et précieux échantillons de la nature humaine ; nous recueillons seulement ceux que nous signale le hasard ou un zèle tout particulier et très-désintéressé.

Réduite à ces modestes proportions, notre mission n’en est pas moins fertile en jouissances comme en leçons. Et tout d’abord, en nous faisant vivre pour un temps dans la bonne et sainte compagnie de tant d’âmes vraiment admirables, elle nous repose et nous console de tant de fausses et malsaines admirations prodiguées trop souvent aux triomphes du mensonge, aux exemples corrupteurs, aux œuvres perverses et pernicieuses qui s’arment chaque jour, contre les croyances et les respects du monde, de toutes les ressources d’une publicité trop souvent refusée aux inspirations du bon sens et du bon droit.

Il est un autre enseignement qui ressort de ce concours, avec non moins d’éclat que des concours précédents ; c’est l’évidente et éminente supériorité de l’autre sexe sur le nôtre dans tout ce qui touche au service des pauvres, au soulagement de toutes les infortunes. Ubi non est mulier, ingemiscit egenus ; « là où la femme est absente, le malheureux n’a plus qu’à gémir, » a dit, il y a trois mille ans, le Sage par excellence. Et, depuis quarante ans, tous vos rapporteurs se sont transmis de l’un à l’autre le soin de confirmer cet arrêt, en venant constater la proportion de plus en plus forte des couronnes décernées par les exécuteurs testamentaires de