Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/349

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nombreuses de toutes les contrées de l’Europe, de ces ambassadeurs qui viennent de l’extrême Orient ou des déserts de l’Afrique centrale, saluer et honorer chez les Français des vainqueurs généreux et des alliés intègres ! On aimerait à lire dans les âmes de ces lointains visiteurs encore plus qu’à observer leur aspect original et bizarre. Ils s’émerveillent sans doute de tout ce qu’ils voient, de ces travaux publics prodigués avec une si inépuisable magnificence ; de ces villes renouvelées de fond en comble, sans souci du passé, mais pour la joie du présent et le profit de l’avenir.

Éblouis par ces transformations gigantesques, qui rappellent les œuvres des Pharaons, par cet étalage, peut-être imprudent, d’un luxe excessif, par tous ces progrès matériels et toutes ces inventions extraordinaires où le fer et le feu deviennent sous toutes les formes les ministres dociles et terribles de la volonté des maîtres du monde ; par toutes les pompes et toutes les menaces d’une société également bien organisée pour les travaux de la paix et de la guerre, ils nous admirent certainement autant qu’ils nous redoutent. Et cependant ils ne voient que les dehors. Que serait-ce s’ils avaient pu descendre au fond des choses ; et, en sortant de nos palais et de nos musées, de nos théâtres et de nos casernes, visiter nos ateliers et nos maisons de charité, nos ouvroirs, nos crèches, nos asiles, nos orphelinats, nos hospices ; je dis mieux, nos champs, nos foyers et nos cœurs ! Que serait-ce s’ils pouvaient sonder les abîmes d’abnégation, de dévouement, de vertu humble et cachée où nous venons de plonger un regard, découvrir et contempler ces trésors de noblesse et de beauté morale que recèle encore notre pays, et qui confèrent aux nations comme aux individus une bien