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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/410

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magistrat, l’érudition élégante de rhomme de lettres, les méditations de l’homme religieux, relèvent le caractère de l’homme politique, trop exposé parfois aux épreuves d’une cour qui ne méritait pas sa présence. Un autre nom, tout littéraire d’abord, puis mêlé à la vie publique du temps pour y trouver l’occasion d’un noble dévouement et de nobles écrits, le nom de Pellisson ne devait pas moins attirer nos regards. Rechercher avec un soin curieux les détails de cette vie qu’une ambition d’abord un peu subalterne semblait enlever aux lettres, mais que la disgrâce illustra, c’était un sujet bien choisi pour cette histoire des lettres habile à se renouveler par la peinture des mœurs et de la société. Ainsi étudiée, la carrière de Pellisson, défenseur de Fouquet, panégyriste de Louis XIV, historien de l’Académie et zélateur de l’unité religieuse, sera plus inégale et plus mêlée. Quelques incidents de sa prospérité seront jugés moins enviables que son malheur. Mais il restera digne de souvenir pour quelques-uns de ses actes et de ses écrits, pour son courage adroit et généreux, quand il plaidait contre la toute-puissance, et pour la bonne foi de son admiration, quand il flattait cette puissance, pour son amour des lettres et sa préoccupation plus vive encore de pensées plus sérieuses : car une imagination mobile n’exclut pas un cœur sincère.

Tel est le jugement qui suit la lecture de l’ouvrage intitulé : Pellisson, Étude sur sa vie et ses œuvres, par M. Marcou. Exact dans ses recherches, écrivant d’un style naturel et animé, trop peu grave dans quelques détails, mais alors juste et sévère dans le blâme des choses qu’il raconte, l’auteur a fait un livre moral en faisant un livre vrai. L’Académie lui décerne une des secondes médailles du concours.