Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/512

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MAURICE.

Je ne devine pas, monsieur, je me souviens !
Je me souviens qu’elle est la douce messagère
Entre les torts du fils et les rigueurs du père !
Qui de nous, dans ces jours d’ardente déraison
Où l’on veut tout quitter, et famille et maison,
N’a senti tout à coup une main chère et tendre
Le saisir, l’entraîner doucement, et le rendre
À ces bras qui, toujours prêts à nous secourir,
Ne se ferment jamais que pour se mieux rouvrir ?

THÉRÈSE, (au fond).

Bravo !

MAURICE.

Qu’on perde enfin ses parents : c’est près d’elle
Qu’on les retrouve encore, et ce témoin fidèle.
Évoquant à nos yeux un moment consolés
Les êtres disparus et les jours envolés,
Il semble, en l’embrassant, qu’entre ses bras l’on presse
Et son père, et sa mère, et toute sa jeunesse !

OCTAVE.

Il n’est qu’une réponse à de tels mots ! Monsieur,
Je donnerais mon sang pour voir unir ma sœur
À qui parle de sœurs comme vous !

MAURICE., (vivement.)
Quoi ! vous dites ?…
Eh bien ! venez en aide à mes faibles mérites,

Car je viens demander sa main !