Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/647

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S’il n’arrache du cœur de toute nation
Ce mot vil et maudit, répudiation !…
C’en est fait !… Ces excès devenant loi publique,
Le monde est ressaisi par Vénus l’impudique,
Nous voilà juifs, persans, mahométans, païens.
Mais nous n’avons plus droit de nous nommer chrétiens.
De notre sainte foi le plus noble apanage
Tombe et meurt dans le monde avec le mariage.
Et nous voyons s’éteindre au fond des cœurs pervers,
La loi de pureté qui sauva l’univers !

INGEBURGE, (avec enthousiasme).

Oh ! l’apôtre ! La voix qui sauve et civilise !

LE CARDINAL, (au roi).

Hé bien, parle, est-ce toi, fils aîné de l’Église,
Qui frapperas l’Église, et qui, chrétien et roi,
Souilleras tout ensemble et ta gloire et ta foi ?

LE ROI.

Ma gloire !

LE CARDINAL.

Vois : ton règne est de quinze ans à peine
Et de hauts faits déjà comme ta vie est pleine !
La France avec orgueil, l’Europe avec effroi,
Voient grandir chaque jour ton royaume par toi,
Et comme si par toi cette terre ennoblie
De la gloire future était déjà remplie,
À ton nom l’on pressent, l’on rêve plusencor !
Que dirai-je ? on devine à ton puissant essor.