Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/656

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PREMIER BOURGEOIS.

Soit ! mais il est un point que je ne comprends pas.

L’ÉCOLIER.

Il ne comprend jamais !

PREMIER BOURGEOIS.

Examinez le cas !
Les clercs veulent lui prendre une femme qu’il aime.
Il prend leurs revenus qu’ils chérissent de même !
C’est bien, je comprends ! Mais d’où vient qu’à ce propos,
Nous, malheureux bourgeois, il nous charge d’impôts ?…
Et, contre le clergé, d’où vient que sa colère
S’exhale en surtaxant le pauvre populaire ?

LE JONGLEUR.

Mais cela va de soi ! C’est la loi de l’impôt !
L’impôt ressemble fort au chiendent ! Dans un pot.
En plein champ, au soleil, au froid, à la rafale,
Il prospère partout, grandit partout, s’étale
En toute climature !… Un ennemi survient ?
L’impôt monte !... De nous la peste se souvient ?
L’impôt monte !… L’on part un jour pour la croisade ?
Impôt ! On en revient ? Impôt ! Le temps malade
Fait tout sécher ? Impôts ! Fait tout moisir ? Impôts !
Guerre, inondation, grand trouble, grand repos !…
Impôts ! impôts ! impôts ! Et le beau dans l’espèce.
C’est qu’une fois monté, jamais l’impôt ne baisse !
Le cessante causa perd ses droits en ce cas,
Et, la cause cessant, l’effet ne cesse pas !