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Page:Académie française - Recueil des discours, 1860-1869, 1re partie, 1866.djvu/659

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« Poëmes, opéras, histoires, tragédies,
« Odes, fables, romans, épîtres, comédies,
« Que n’as-tu pas écrit ? n’en est-ce point assez ?
« Les quatre-vingt-sept ans sur ta tête amassés
« Ne te disent-ils pas, après le vieil Horace,
« Qu’à la jeunesse enfin il faut céder la place ?
« Souviens-toi que Voltaire et l’auteur de Cinna
« N’ont fait dans leurs vieux jours qu’Irène et Suréna.
« Bel honneur d’imiter de telles rapsodies !
« Te crois-tu mieux doté que ces puissants génies ? »



Paix, vieille paresseuse, à ton tour souviens-toi
Que Sophocle à cent ans a fait l’Œdipe roi.
Serait-il interdit aux rimeurs de Lutèce
De reproduire en tout ce qu’a produit la Grèce ?
Pourquoi d’un tel laurier exclure nos climats ?
Pourquoi, s’il y renaît, n’y prétendrai-je pas ?
Bien loin de m’effrayer, Sophocle m’encourage.
J’ai treize ans à courir pour atteindre à son âge.
Et je sens au courroux que soulève en mon sein
Du plus beau de nos arts l’effroyable déclin,
À ces élans fougueux que je ne puis contraindre.
Qu’en moi le feu sacré n’est pas près de s’éteindre.



Je sais tous les périls que je vais affronter
Et quels flots d’ennemis nous allons ameuter.
De ces milliers d’auteurs, qui, luttant d’abondance.
Se flattent d’amuser et d’éclairer la France,