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RAPPORT DE M. CAMILLE DOUCET

le suivrai pas jusque-là. Dans ce palais des lettres, le premier protecteur de l’Académie française reste au-dessus de l’attaque et au-dessus de la défense.

C’est aussi, mais franchement et ouvertement, sur le terrain de la politique que nous conduit tout droit le livre de M. Ernest Daudet, consacré à l’histoire des deux plus belles années de la Restauration. Le sujet par lui-même intéresse et captive ; des documents nouveaux ont été puisés aux bonnes sources, et les faits très-exacts sont racontés dans un style excellent, avec une clarté lumineuse. Une bonne leçon a paru ressortir de cet ouvrage ; les efforts de M. de Martignac en vue de rapprocher les hommes d’ordre de tous les partis, l’esprit de conciliation dont il fit preuve, avec plus de sens politique, avec plus de sagesse et de dévouement que de succès, seront toujours du meilleur et du plus salutaire exemple.

Ainsi décerné à MM. Jules Levallois et Ernest Daudet, le prix Bordin leur avait été disputé d’abord par un de nos hellénistes les plus distingués, M. Alexis Pierron, qui avait cru pouvoir présenter pour ce concours la belle édition publiée par lui, non pas d’une traduction en français, mais du texte grec lui-même, de l’Iliade et de l’Odyssée, avec une introduction et des appendices où sont traités tous les points de ce qu’on peut appeler la question homérique. Il a paru à l’Académie qu’un ouvrage tout de philologie et d’érudition s’éloignait trop des conditions de la fondation Bordin, pour qu’il y eût lieu de l’admettre à un concours d’ouvrages de pure littérature. Ne pouvant donc donner à M. Alexis Pierron ni un prix ni une mention, puisqu’il n’y a eu pour son travail ni comparaison