Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/141

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Châteaufort parut sur le seuil. M. d’Assonville tourna la tête, la vit et se dressa en poussant un cri terrible. À ce cri, Mme de Châteaufort s’arrêta, pâle et muette ; une terreur profonde se peignit sur son visage, tandis que ses mains frémissantes se promenaient le long de ses joues, où pendaient en longs anneaux sa chevelure dénouée. Les yeux du moribond et les siens ne se pouvaient quitter. Comme il se penchait vers elle, les bras de la duchesse s’agitèrent avec égarement. M. d’Assonville fit trois pas, blême et sanglant, leva la main vers le ciel et tomba. Belle-Rose s’élança vers lui. Il était mort. Mme de Châteaufort s’agenouilla. Le regard de Belle-Rose effaré allait du cadavre à Geneviève ; une horrible pensée glaçait son cœur, et ce regard semblait demander compte à son amante de la mort de son ami.

– Assassiné ! dit-il.

– Oh ! ce n’est pas moi ! s’écria Mme de Châteaufort.

Et les mains jointes, trempée de pleurs, elle voulut se traîner sur les genoux ; mais, brisée par l’épouvante, elle s’affaissa, et sa tête alla frapper le tapis. Belle-Rose sortit, chancelant comme un homme ivre ; une horrible pensée troublait son âme et l’envahissait. Comme il passait dans la cour, la camériste, impatiente de ce long silence, l’interrogea sur ce qui se passait dans le pavillon.

– Comment s’appelait Mme de Châteaufort avant son mariage ? lui demanda Belle-Rose d’une voix étranglée.

– Mlle de La Noue, répondit Camille, et elle entra dans le pavillon.


Camille, en pénétrant dans le pavillon, trouva Mme de Châteaufort évanouie près du cadavre de M. d’Assonville,