cœur bondissant, il comprit qu’il y avait encore dans l’avenir place pour la jeunesse, l’espérance et l’amour.
– Je vous dois donc la vie ! s’écria Belle-Rose en pressant la main du gentilhomme irlandais. Un jour mon honneur, le lendemain ma tête ; si vous continuez de ce train-là, comment voulez-vous que je m’acquitte jamais ?
– Il vous sera plus aisé de le faire que vous ne pensez, répondit Cornélius.
– Parlez donc bien vite !
– Tout à l’heure il en sera temps. Si vous consentiez tout de suite, je serais trop tôt votre débiteur. Et d’ailleurs, de cette dette dont vous parliez à l’instant, vous ne me devez guère que la moitié.
– La moitié seulement ?
– Eh ! sans doute ! Ce parchemin qui vous a sauvé des balles, je l’ai apporté, mais je ne l’ai pas obtenu.
– Quoi ! ce n’est pas vous…
– Eh ! mon Dieu, non.
– Mais qui donc, alors ?
– Parbleu ! quelqu’un qui a l’air de vous aimer furieusement. – Belle-Rose rougit.
– Vous comprenez ? reprit Cornélius.
– Non vraiment, je cherche…
– Si vous cherchez, c’est que vous avez trouvé… Faut-il vous nommer madame…
– La marquise d’Albergotti ?
– Non pas… la duchesse de Châteaufort.
À ce nom, Belle-Rose tressaillit.
– Sans elle, vous seriez mort déjà ! reprit Cornélius. Quelle reconnaissance ne lui devez-vous pas ! Que n’a-t-elle pas fait pour vous sauver !
Le nom de Mme de Châteaufort venait de rendre aux pensées de Belle-Rose toute leur agitation. Il inclina la tête et garda le silence.
– C’est une curieuse histoire, continua Cornélius. Où les hommes ne peuvent rien, les femmes peuvent tout !… Je ne sais pas de meilleur passe-partout qu’une