attendaient entraient les unes après les autres, l’heure s’écoulait, le désespoir s’emparait de moi.
– Pauvre Cornélius ! murmura Belle-Rose.
– J’allais, dans ma détresse, me décider à partir pour Saint-Germain, et me jeter aux pieds du roi, lorsque tout à coup une dame passe la porte en se dirigeant vers le cabinet du ministre. L’huissier se lève et s’incline avec respect. – M. de Louvois ? dit la dame. – Monseigneur est en affaires. – Dites-lui mon nom, j’ai à lui parler à l’instant. – L’huissier disparaît. Il y a des accidents de mince apparence qui sont une révélation. L’accent et le mouvement de la dame me font comprendre sa toute-puissance. – Madame ! m’écriai-je en allant à elle, daignez m’accorder une grâce. – Qu’est-ce ? dit-elle en se retournant. – Je demeurai une minute ébloui. Le regard de cette dame était impérieux, sa lèvre hautaine, sa joue pâle ; mais elle était belle comme une reine des contes de fées. – Madame, repris-je, il s’agit d’un pauvre sergent qui a déserté. – Alors elle s’approche et me regarde. – Il a un vieux père, une jeune sœur, il a vingt ans… – Son nom ? dit-elle en m’interrompant. – Belle-Rose. – La dame pousse un cri et chancelle. Je m’élance pour la soutenir, mais elle, déjà remise de son trouble, me tend la main. – Et vous veniez pour le sauver ?… Vous êtes un brave gentilhomme ! – Le regard ardent de cette femme s’était mouillé, il me semblait qu’une larme tremblait au fond de sa paupière. – Mais c’est tout naturel, lui dis-je, je l’aime et j’aime sa sœur.
Cornélius rougit et s’arrêta brusquement comme un cheval qui vient de mettre le pied sur la pente d’un précipice. Belle-Rose releva sa tête. Un doux sourire éclairait son visage depuis une heure assombri.
– Le voilà donc, ce grand secret ?
– L’ai-je dit ? eh bien ! soit ; je le confirmerai tout à l’heure ; en attendant, laissez-moi continuer mon histoire ; ce sera tout à l’heure le tour de la mienne.