Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/203

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– Je prends le sabre pour dix ducats, et j’en donne dix encore pour le bras qui le tient, dit-il.

– C’est dit ! s’écria le soldat en voyant briller l’argent sur le tambour. Eh ! Conrad ! joue donc !

Conrad jeta les dés et perdit ; au troisième coup il n’avait plus rien.

– Mon officier, dit-il à M. de Villebrais, qui les regardait faire les bras croisés sur la poitrine, j’ai, moi aussi, un sabre et une main, en voulez-vous ?

– Voilà vingt ducats.

– Marché conclu, dit Conrad en serrant l’argent dans ses poches.

– Conrad, s’écria brusquement un nouveau venu qui portait l’uniforme des hussards, Jeanne la blonde a fantaisie d’un collier avec sa croix d’or ; je n’ai plus que mon cheval, le veux-tu ?

– Je prends le cheval et te le donne, fit M. de Villebrais.

– À moi l’argent et le cheval ? reprit le hussard en comptant ses pièces d’or.

– À toi, mais à une condition.

– Rien qu’une ? c’est trop peu pour n’être pas beaucoup.

– C’est tout : le cheval et l’homme me suivront partout où j’irai.

– Ils sont prêts.

Au bout d’un quart d’heure M. de Villebrais avait recruté sa bande. Comme elle se disposait à partir, un brigadier intervint. C’était un homme balafré, grisonnant et d’aspect farouche.

– Eh ! dit-il, n’êtes-vous point enrôlés au service de M. le duc d’Ascot, notre général ? Lui seul peut vous donner permission de quitter le régiment.

– Lui ou celui qui commande à toute la province, répliqua M. de Villebrais en présentant au sous-officier l’ordre du gouverneur.

Le brigadier déchiffra le papier à la clarté d’une chandelle.