Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les trois cavaliers s’enfonçait dans un petit vallon couvert de bois. À l’extrémité du vallon, on voyait un château.

– C’est ici, dit Conrad, en montrant le château du doigt.

Comme ils longeaient un taillis, la Déroute entendit un bruit d’arbustes froissés. Conrad tourna vivement la tête.

– Il y a par là quelque sanglier qui quitte sa bauge, dit-il en souriant.

La Déroute passa la main droite sous les fontes, saisit la crosse d’un pistolet, et, se penchant vers Belle-Rose, lui dit tout bas à l’oreille :

– Prenez garde, mon lieutenant ; nous sommes en pays ennemi.

Belle-Rose tressaillit et tourna rapidement les yeux autour de lui. Tout à coup le sabot d’un cheval sonna contre un caillou.

– Oh ! oh ! fit la Déroute, voilà un sanglier qui a les pieds ferrés.

Le Lorrain leva brusquement la main et lâcha un coup de pistolet contre le sergent ; mais le sergent avait l’œil sur lui ; au mouvement du Lorrain, il répondit par un mouvement semblable en se jetant sur le cou du cheval, et les deux coups partirent presque en même temps. La balle du Lorrain passa derrière la tête du sergent.

– Ah ! mon drôle ! s’écria la Déroute en rendant balle pour balle, tu es trop maladroit pour le métier que tu fais.

Le coup du sergent déchira le bras du Lorrain, et atteignit son cheval à la tête. L’animal blessé hennit de douleur, se cabra et partit comme une flèche. Au bout de cent pas, il donna dans un marais dont l’eau verte était tapissée d’herbes ; du premier bond il s’enfonça jusqu’au jarret dans la vase ; un violent coup d’éperon le fit se redresser ; il s’élança, s’embourba jusqu’au poitrail et roula dans l’eau. Un instant on vit les jambes