Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/236

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il pâlit de rage, et jeta la sienne sur l’herbe humide et rouge. La duchesse de Châteaufort s’élança vers Belle-Rose.

– Vivant, dit-elle, vivant, mon Dieu !

Et elle tomba sur ses genoux, les mains tournées vers le ciel. La prière entr’ouvrait ses lèvres, et deux grosses larmes roulaient sur ses joues. Belle-Rose la souleva dans ses bras avec un élan amer et passionné.

– Ainsi, dit-il, vous me sauverez toujours. Voici trois fois que je vous dois la vie !

Geneviève, brisée par tant de terribles émotions, appuya sa tête contre l’épaule de Belle-Rose, et se prit à fondre en larmes.

– Oh ! mon Dieu ! dit-elle, je voudrais mourir ainsi.

En ce moment, le duc de Castel-Rodrigo, – car c’était lui que Geneviève avait rencontré, – arriva sur le lieu du combat.

– Ah ! c’est vous, monsieur ? dit-il en s’adressant à M. de Villebrais, qu’il reconnut malgré le désordre de ses habits et le sang dont il était couvert.

– Moi-même, fit M. de Villebrais, qui mordait ses lèvres de colère.

– Diable ! monsieur, vous n’avez point tardé d’entrer en campagne, à ce qu’on peut voir, reprit le duc d’un ton de mépris.

– J’imagine, monsieur le duc, reprit le traître hardiment, que vous ne m’avez pas confié ces braves gens pour les conduire à la messe ?

Le duc de Castel-Rodrigo fronça le sourcil.

– Au surplus, ajouta M. de Villebrais, que la fureur tourmentait, il m’est doux de savoir que nous vivons au temps de la chevalerie. À l’avenir, quand j’aurai un ennemi à combattre, j’aurai grand soin de le prévenir de l’heure et du lieu, comme faisaient les preux de la Table ronde.

– Monsieur sait bien qu’il ment, dit froidement un officier de la suite du duc de Castel-Rodrigo : il n’ignore