Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/238

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vous mourez ! disait-il. Et Claudine, et Pierre… mais il fallait me laisser tuer !

Ses doigts tremblants écartèrent l’habit troué qui cachait la blessure ; le fer était entré dans la poitrine, d’où sortait encore un filet de sang : la plaie était horrible et profonde. Les traits de Belle-Rose se contractèrent ; le vieillard sourit.

– Tu me parles de Claudine et de Pierre, lui dit-il ; je te les confie.

En ce moment, les yeux de Belle-Rose rencontrèrent les yeux de Geneviève : il se souvint de la lettre qu’il avait reçue, de la cause qui l’avait conduit à Morlanwels ; ses sourcils se froncèrent, et il jeta sur la pauvre femme un regard si plein d’amertume, qu’elle cacha sa tête entre ses mains. Cependant Cornélius fit construire à la hâte un brancard avec des branches d’arbres ; un chirurgien, qui se trouvait dans la suite du duc de Castel-Rodrigo, posa un premier appareil sur les blessures du vieux Guillaume ; deux soldats prirent le brancard, et le triste cortège s’achemina vers Charleroi. La Déroute, qui n’était pas dangereusement atteint, bien que criblé de coups, se tenait passablement à cheval. Mme de Châteaufort essuya ses yeux rougis par les larmes et s’approcha de Belle-Rose.

– Jacques, lui dit-elle d’une voix douce et ferme, j’ai encore une grâce à vous demander, non pas pour moi, mais au nom d’un enfant sur qui vous avez juré de veiller.

À ce souvenir, Belle-Rose tressaillit.

– Parlez, Geneviève, je vous écoute ; mais hâtez-vous, chaque minute m’est précieuse.

– Il faut que je vous voie, que je vous parle encore au sujet de cet enfant. Le voulez-vous ? reprit-elle en attachant un regard suppliant sur celui qui l’avait tant aimée.

– Je le dois et je le ferai, dit-il.

– Merci, Jacques. Demain je vous ferai savoir où nous aurons cette dernière entrevue. Maintenant, adieu.