– De la mienne, répondit Belle-Rose.
Le petit garçon salua avec beaucoup de politesse.
– C’est très bien, monsieur ; mais M. Bergame, étant fort occupé, ne saurait vous recevoir à présent. Il faudrait repasser.
– Allons, pensa Belle-Rose, c’est un siège à faire.
Et il reprit :
– Ne pourriez-vous pas dire à M. Bergame qu’il s’agit d’une affaire d’importance ?
– Pour qui, monsieur ? dit l’enfant d’un air simple qui cachait une grande malice.
– Eh ! mais pour lui, sans doute ! s’écria Belle-Rose.
– Pardonnez-moi, monsieur, reprit l’enfant d’un petit ton patelin, mais c’est qu’en général les personnes qu’on ne connaît pas ont toujours pour entrer chez les gens de belles affaires à traiter.
Belle-Rose eut quelque envie de saisir le petit drôle par le cou et de le bâillonner ; mais il y avait du monde sur la route, il ne connaissait pas les êtres de la maison ; ce n’était pas le moment d’employer la violence.
– Allons ! répliqua-t-il de l’air d’un homme qui se décide à parler, puisque tu veux tout savoir, prends ce louis pour toi, et cours dire à M. Bergame qu’il s’agit de cent mille livres à recevoir.
À la vue de l’or, les yeux du petit garçon étincelèrent. Ses doigts saisirent la pièce comme les pinces d’une tenaille, et il pria Belle-Rose de le suivre.
– Fourbe, mais avide ! pensa Belle-Rose : un vice corrige l’autre.
L’enfant laissa Belle-Rose dans une salle au rez-de-chaussée, grimpa l’escalier qui conduisait à l’étage supérieur avec la souplesse d’un chat, et redescendit deux minutes après.
– Suivez-moi, monsieur, dit-il à Belle-Rose, M. Bergame est là-haut qui vous attend.
Le petit garçon introduisit Belle-Rose dans une pièce carrée où, du premier coup d’œil, le fils du fauconnier