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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/262

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– Voilà qui est fait, reprit Belle-Rose. Vous avez la somme, j’ai la marchandise. Adieu, mon bon monsieur Bergame.

Et saluant le pauvre homme, il sortit en ayant soin de fermer la porte au verrou sur lui.

– La Déroute, à cheval ! dit Belle-Rose aussitôt qu’il fut dans le jardin, et au galop.

Le sergent avait déjà le pied à l’étrier ; ils partirent ventre à terre. Cependant Peppe était parvenu à se débarrasser de ses liens, ce qui n’avait pas été fort difficile aussitôt qu’il n’avait plus été sous la surveillance de la Déroute. Son premier soin fut de courir chez son maître et de le délivrer. M. Bergame, qui redoutait sur toute chose la colère de M. de Louvois, ordonna d’abord à Peppe de se mettre à la poursuite du ravisseur. Il avait l’argent, il n’aurait pas été fâché de ravoir les papiers. Peppe, muni d’un mot qui racontait succinctement les faits, sauta sur un cheval et se précipita à fond de train sur les traces des deux cavaliers. Peppe était Italien, et partant vindicatif quoique enfant. Les chevaux de Belle-Rose et du sergent avaient fourni le matin même une assez bonne traite ; ils ne s’étaient pas reposés, tandis que celui de Peppe était frais. Belle-Rose et la Déroute avaient leurs éperons. Peppe avait sa haine. Aux barrières de Paris, il les atteignit. Le petit Italien les suivit de loin et les vit entrer dans la maison de l’honnête Mériset. Quand la porte se fut refermée sur eux, Peppe courut en un lieu où il était sûr de trouver des gens de la maréchaussée. M. Mériset accueillit Belle-Rose avec ce sourire doux et mystérieux qui lui était habituel.

– Je vous ai fait préparer un petit déjeuner dont vous me direz des nouvelles, lui dit-il en se frottant les mains.

– C’est à merveille ; mais avant de le goûter, je vous serai fort obligé, mon cher monsieur Mériset, de vouloir bien me rendre un service.

– Lequel ?