Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/264

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– Au nom du roi, ouvrez, dit une voix à l’extérieur.

– Ce serait plus court d’enfoncer la porte, dit la petite voix flûtée de l’enfant.

Trois coups de crosse vigoureusement appliqués lui répondirent ; le bois craqua, et l’enfant, sûr que le ravisseur ne pourrait pas s’échapper de ce côté-là, courut vers le jardin. La porte vola en éclats, et l’exempt se jeta dans la chambre. Belle-Rose, à genoux devant la cheminée, chassait les débris du papier au milieu des flammes. Peppe montra tout à coup son visage à la fenêtre ; d’un bond il sauta près du foyer, écarta Belle-Rose et chercha entre les chenets. Un nuage de cendres étincelantes s’éparpilla sur le visage de l’enfant. Peppe se releva.

– Monsieur, dit-il à l’exempt en jetant un regard de vipère sur Belle-Rose, voilà l’homme qui a volé les papiers qui étaient à M. Bergame.

– Eh ! petit, répondit Belle-Rose, il ne faut pas mentir, ce n’est pas bien à votre âge : j’ai acheté ce qui était à vendre.

– Des papiers qui étaient destinés à M. de Louvois ! répliqua l’enfant qui avait légèrement pâli.

Ce nom redoutable, dont Peppe avait déjà exploité l’influence, produisit de nouveau son effet.

– Marchons, monsieur, dit l’exempt.

Le galop d’un cheval retentit dans la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice. Belle-Rose sourit et se tourna vers l’exempt.

– Où me conduisez-vous, monsieur ? lui dit-il.

– À la Bastille.