Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/315

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Châlons quand elle l’a fait évader du côté de Villejuif. On a coffré l’exempt dans la voiture, et les prisonniers ont pris les chevaux.

– Ce n’est pas si maladroit.

– Vous trouvez ! Eh bien ! moi je trouve qu’un aussi beau trait vaut bien sa récompense. J’enferme la maîtresse en attendant que j’aie l’amant.

– Eh ! que diable ! fit M. de Pomereux avec un sourire ironique, si les choses en sont à ce point-là, vous rendrez service à l’amoureux. La femme en prison et l’homme en campagne, mais c’est le paradis.

– Ah ! vous croyez, monsieur le railleur.

– C’est-à-dire que j’en suis sûr.

– Voilà bien de nos roués qui s’imaginent que tout le monde est fait à leur image !

– Le monde ne serait pas si mal, monseigneur mon cousin.

– Je n’en sais rien, mais en attendant, la femme dont nous parlons, monsieur, est d’un tout autre modèle… Elle aime sérieusement, et c’est pourquoi je l’enferme ; et quand on aime comme cela, c’est qu’on est aimée, croyez-le, mon cousin : je ne suis qu’un pauvre ministre, mais j’en sais tout aussi long que vous là-dessus ; quand il apprendra qu’elle est en prison, il reviendra, je l’attraperai, et nous le ferons pendre.

M. de Pomereux se mit à tambouriner sur la table.

– Et moi, je vous dis qu’il ne reviendra plus. Quelque sot ! Quelle diable d’idée avez-vous donc des capitaines et des marquises de ce temps-ci ? Le capitaine n’y pense plus à l’heure qu’il est, et la marquise n’y pensera plus demain.

– C’est votre croyance ?

– Parbleu !

– Alors, il ne vous déplairait point trop de l’épouser ?

– Moi ? fit M. de Pomereux en sautant sur sa chaise.

– Oui, vous, et pour m’expliquer nettement : auriez-