fois que je l’ai mérité ; cette dame que vous appelez Mme d’Albergotti l’a servi de tout son pouvoir ; eh bien, ventrebleu ! je la servirai de toutes mes forces.
Claudine aurait volontiers embrassé Grippard sur les deux joues, tant elle se sentait aise de se voir un ami.
– Il faut d’abord savoir où on l’a conduite, reprit-elle.
– On le saura en furetant dans cette grande caserne d’hôtel ; je trouverai bien quelque camarade ou quelque laquais qui aura des connaissances parmi les huissiers ou les commis. J’ai de bonnes jambes et ma langue n’est pas trop mauvaise, vous verrez.
– Aussitôt que vous aurez appris le lieu de sa retraite, vous viendrez m’en instruire ?
– Parbleu ! puisque c’est pour vous que je le demanderai.
– Et vous ne perdrez pas une minute ?
– Pas une seconde.
Claudine rentra dans l’hôtel de la rue de l’Oseille, un peu moins troublée qu’elle ne l’était au moment où elle avait rencontré Grippard. Les malheureux s’accrochent à toutes les branches, Grippard était la branche de Claudine. Grippard était un homme consciencieux qui accomplissait loyalement tout ce qu’il promettait ; malheureusement, il avait plus de loyauté que d’esprit, et il ne réussissait guère dans les choses où il fallait de la ruse. Il s’installa devant l’hôtel de M. de Louvois et se mit bravement à interroger les laquais, les huissiers, les piqueurs et toute la valetaille qui affluait par là. La moitié de ce monde-là ne comprenait rien à ce qu’il demandait ; l’autre n’y répondait pas ; mais Grippard ne se décourageait pas pour si peu et recommençait de plus belle. Quand vint le soir, il s’en alla rendre compte à Claudine de ses démarches et de leur insuccès ; ce fut la même chose le jour suivant. Claudine à chaque visite pleurait de tout son cœur et priait Grippard de ne pas l’abandonner. Grippard lui promettait tout ce