Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/352

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par une sœur que M. de Charny l’attendait au parloir.

– Voilà déjà plus d’un mois, madame, lui dit M. de Charny en la saluant jusqu’à terre, que M. de Louvois a le regret de vous voir au couvent, où il ne vous eût certes pas envoyée si la raison d’État ne l’y avait contraint.

– Si le regret était aussi vif que vous voulez bien me l’exprimer, monsieur, il me semble que monseigneur le ministre aurait une extrême facilité à s’en débarrasser.

– Ah ! madame, que vous connaissez peu les dures lois que le pouvoir impose à ceux qui l’exercent ! Au-dessus de la volonté du ministre, il y a la raison d’État ; M. de Louvois espérait au moins que le spectacle de la paix et de la mansuétude qui règnent dans ces lieux toucherait votre âme et vous déciderait à prendre le voile. Mais, à défaut de vocation, il a poussé la bonté jusqu’à vous faire offrir d’entrer dans sa famille : vous avez tout refusé.

– N’étant la pupille de personne, j’ai bien le droit, j’imagine, de songer moi-même à mon établissement.

– Sans doute, madame, et M. de Louvois se ferait un scrupule de violenter en rien vos intentions ; mais encore le soin du royaume exige que vous preniez une détermination.

– Le soin du royaume, monsieur ; voilà bien des grands mots pour une aussi chétive personne que je le suis !

– Les ennemis du roi se font des armes de tout, madame. Si vous saviez à quelles injustes attaques les hommes éminents sont exposés, vous verriez toute cette affaire sous son véritable jour, et n’accuseriez plus M. de Louvois, qui vous veut du bien. Mais si vous répondez toujours par des refus aux bons offices de Son Excellence, si vous repoussez également le voile et le mariage, elle