Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/372

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– Eh ! mon Dieu, oui. C’est une supposition dont je voulais connaître à fond l’erreur ou la vérité. Or, étant à Douvres, attendant une dépêche de notre ambassadeur à Londres, je fis rencontre d’une de ces insulaires qui n’aurait point été déplacée à la cour de notre grand roi. Je m’ennuyais fort, et, pour passer le temps d’une manière utile, j’employai mon esprit à pénétrer au logis de la dame.

– Toujours pour l’étude qui vous tenait à cœur ? dit Cornélius.

– Toujours, monsieur. J’y réussis, et je pus me convaincre que les dames de la bonne ville de Douvres savaient apprécier le peu de mérite qu’on acquiert à la cour de notre glorieux monarque. Ce fut une découverte qui allait me réconcilier avec l’Angleterre, lorsque le mari, – car il y a un mari, messieurs…

– Il y a toujours un mari, fit observer Belle-Rose, que l’humeur plaisante de M. de Pomereux distrayait.

– Il y en a même souvent deux : le connu et l’inconnu, qui est parfois un cousin. Ici, il n’y en avait qu’un ; mais il était doublé de deux frères et d’un beau-frère. Je ne sais qui fit à toute cette parenté-là des rapports sur l’honnêteté de mes relations avec la dame, lesquelles étaient toutes pour l’amour de la science. Le mari fit répandre le bruit qu’il partait pour Londres ; et tandis que, confiant dans sa parole, j’allais m’introduire au logis de la dame, il m’a chargé avec le ban et l’arrière-ban de sa famille. Sans vous, messieurs, je ne m’en tirais pas.

– C’eût été fâcheux pour la science, dit gravement Cornélius.

– C’est un procédé monstrueux, monsieur ! s’écria le comte avec une indignation comique. Voilà de ces choses qu’on ne se permet pas en France. Ah ! fi ! vouloir tuer un homme parce qu’il fait la cour à votre femme ; mais il n’y a plus de sécurité pour les amants ! Quoi ! on fait semblant de partir, on part même, puis on revient