Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/374

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la dame n’en veut pas. Il est de la façon de M. de Louvois.

– Ah ! fit Belle-Rose.

– C’est un ministre qui se mêle un peu de tout. Il a eu l’idée triomphante de me donner pour femme une personne qu’il a mise dans un couvent.

À ces mots, Cornélius tendit l’oreille.

– Voilà qui est plaisant, dit-il.

– Oui, c’est une petite vengeance de mon magnifique cousin. Il paraît que la dame a pour fiancé un certain M. Belle-Rose qui s’est évadé.

Ce fut au tour de Belle-Rose à tressaillir.

– Belle-Rose ! s’écria-t-il.

– Vous le connaissez ? demanda le comte.

Cornélius pressa le genou de Belle-Rose pour l’engager à se contraindre.

– Oh ! fit-il, je l’ai connu en Flandre, alors qu’il était sergent au régiment de La Ferté.

– Sergent ! répéta M. de Pomereux d’un petit air dédaigneux. Ah çà ! quel homme est-ce donc ?

– Mais un homme à peu près de ma taille et de mon air, qui manie passablement l’épée et qui passe pour un fort honnête soldat.

– Ah ! ah ! et c’est ce monsieur-là qui s’est fait aimer de Mme d’Albergotti ?

– Elle l’aime donc toujours ? s’écria Belle-Rose d’une voix émue.

– Si elle l’aime ? dites donc qu’elle l’adore ! Les femmes ont de ces idées ! c’est incroyable… Me voilà, moi qui vous parle, qui suis comte, parent de M. de Louvois, j’aurai un régiment au premier jour, et l’on n’est pas mal tourné, que diable ! Eh bien ! monsieur, Mme d’Albergotti, qui est au couvent, m’a refusé tout net.

– Noble cœur ! dit tout bas Belle-Rose.

– Ah ! vous trouvez ! fit M. de Pomereux qui l’avait entendu. Eh bien ! ma foi, j’ai fait comme vous… et ce