Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/392

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Grippard en se mirant dans le miroir enfumé qui ornait le cabaret.

– C’est un premier succès, répondit la Déroute ; te voilà maître des secrets de l’ennemi, et si je pénètre au cœur de la place, nous sommes sûrs de réussir.

– Alors, je vous engage à vous hâter.

– Que veux-tu dire ?

– On sait que Belle-Rose a quitté l’Angleterre ; on se doute de sa présence à Paris. M. de Charny a mis la maréchaussée en campagne, et Bouletord est chargé de surveiller les environs du couvent.

– Eh bien ! c’est la partie qui s’engage, s’écria la Déroute ; nous nous presserons un peu, voilà tout. Retourne auprès de Bouletord ; moi, je vais causer de tout cela avec mon capitaine et Cornélius.

Tout en cheminant, la Déroute roulait dans sa tête mille projets pour s’introduire dans ces bienheureux jardins dont il n’avait jamais vu que les arbres ; il enrageait de voir que son caporal Grippard eût réussi, alors que lui-même, qui était sergent, ne réussissait pas ; mais il avait beau se donner au diable, il ne trouvait rien. Ce fut dans cette disposition d’esprit qu’il arriva dans la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice, chez le digne M. Mériset.

– Eh ! l’ami ! qu’y a-t-il donc ? s’écria Cornélius à la vue du sergent qui avait la mine d’un philosophe à court de philosophie.

– Il y a que si nous n’emportons pas la place d’assaut, il nous faudra lever le siège.

Et la Déroute lui fit part des révélations de Grippard.

– C’est bon, dit Cornélius, ça nous donnera l’agrément de revoir pour la dernière fois la figure de M. Bouletord, et peut-être aussi de face celle de M. de Charny. Tu as parlé, maintenant lis.

La Déroute prit le papier que lui tendait Cornélius ; c’était une lettre de Claudine contenant ces mots :

« J’ai fait parler le jardinier ; il attend un sien neveu,