Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/409

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M. Mériset s’inclina en signe d’aveu.

– C’est un raisonnement logique, continua Belle-Rose, et qui n’est pas dépourvu de vérité.

– C’est pourquoi je me suis permis de monter chez vous, reprit le propriétaire. Il n’y a pas un bien loin trajet de la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice à la Bastille ; ainsi, méfiez-vous.

– Nous nous méfions, mon digne hôte, gardez-vous d’en douter, et c’est à cette fin d’éviter un nouveau dérangement aux gens du roi que je vous prie de me rendre un service.

– Parlez, monsieur, dit en s’inclinant bien bas M. Mériset, à qui personne n’aurait ôté de l’esprit que son interlocuteur était pour le moins duc et pair.

– Avez-vous toujours ce cher neveu qui est votre héritier ? reprit Belle-Rose.

– Toujours.

– C’est un garçon qui doit se connaître en chevaux, étant aussi bon écuyer qu’il l’est. Je me souviens de quelle façon gaillarde il a galopé de Paris à Béthune.

– Il ne me convient pas de vanter mon neveu, mais il est certain qu’on n’achète pas un cheval dans le quartier sans le consulter.

– Priez-le donc de me procurer d’ici à demain quatre chevaux de bonne race, ayant du nerf et du souffle. Voilà Grippard qui les conduira au lieu où ils seront attendus. Quant au prix, je n’y regarde pas, et votre neveu aura dix louis pour la peine.

M. Mériset promit qu’on serait content et se retira. Grippard s’esquiva pour rejoindre Bouletord ; Cornélius et Belle-Rose sautèrent par-dessus les murs du jardin et gagnèrent le logis déniché par le sergent. En tournant le coin de la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice, ils aperçurent dans l’encoignure d’une porte cochère deux hommes de mauvaise mine qui s’en détachèrent aussitôt. Mais à la vue des épées qui luisaient au clair de la lune, les drôles déguerpirent.