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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/421

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– La Déroute agit, dit-il tout bas à l’oreille de Cornélius et de Grippard, j’ai vu le signal.

– Le mouchoir rouge ? s’écria Cornélius vivement.

– Oui.

– La Déroute est un garçon ferme et prudent ; il faut que le péril soit imminent.

– Il nous trouvera prêts.

– Tu as entendu, Grippard, c’est pour ce soir, reprit Cornélius.

– Eh bien ! nous jouerons du pistolet ; la partie n’est pas belle, mais il m’est arrivé d’en gagner de bien mauvaises, dit philosophiquement l’ex-caporal.

Christophe, que l’alerte de la nuit précédente avait rendu plus circonspect en lui apprenant le danger de s’ouvrir aux gens de la maréchaussée, promit de tenir les chevaux sellés et bridés à l’entrée de la nuit dans un lieu qu’on lui désigna proche du couvent, et chacun se prépara à payer de sa personne. Cependant, la Déroute coula dans ses poches deux pistolets dont il était sûr comme de lui-même, et passa sous son habit un poignard qu’il avait eu plus d’une fois l’occasion de manier. Il était un peu pâle et ses sourcils étaient froncés.

– Au demeurant, se dit-il, il faut en finir ; le véritable Ambroise Patu peut revenir d’un instant à l’autre ; la place n’est plus bonne pour personne.

Le soir vint. La Déroute sortit de son logis et traversa le potager. Il avait remarqué, le jour de son entrée au couvent, un tas de baraques en bois vermoulu qui servaient de hangars et où l’on serrait toutes sortes de vieux meubles, avec de la paille et du foin pour la nourriture de trois ou quatre vaches qu’entretenaient les religieuses. Il y avait là de vieilles futailles, des amas de planches pour les réparations, et la provision de bois pour les cuisines. Ces baraques étaient éloignées de cinquante toises du corps de logis principal. La Déroute s’y rendit tout droit en homme qui a pris bravement son