Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/444

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il y a là deux gentilshommes qui réclament votre protection… si vous ne venez pas à leur aide, ils sont perdus.

– Qu’ils entrent s’ils sont innocents, qu’ils entrent encore s’ils sont coupables, dit la religieuse ; la maison de Dieu est un asile ouvert à tous les malheureux.

Le cheval de Belle-Rose s’abattit à la porte de l’abbaye ; celui de Cornélius était tombé à cinquante pas ; le sang sortait de ses naseaux ; il gratta la terre de ses pieds et mourut. La Déroute et Grippard avaient abandonné les leurs sur la route et accouraient à toutes jambes. Tous entrèrent par la porte entr’ouverte ; au moment où la religieuse la repoussa sur ses gonds, on vit M. de Charny passer comme un éclair entre les arbres de l’avenue. Suzanne tomba à genoux et remercia Dieu. Claudine pleurait et riait à la fois en passant des bras de Belle-Rose aux bras de Cornélius.

– Ma foi ! dit M. de Pomereux quand il fut aux pieds des murs, je crois que nos oiseaux ont trouvé un autre nid. Il m’est avis que nous ferions bien à présent de chercher une autre auberge.

Mais M. de Charny passa droit devant lui et frappa contre la porte de l’abbaye avec le pommeau de son épée. M. de Pomereux arrêta son cheval qu’il se mit à caresser de la main.

– Vulcain sera fourbu, dit-il ; c’est mille écus que je me ferai payer par M. de Louvois.

M. de Charny, qui était blême de fureur, frappait toujours.

– Monsieur, continua le comte, si vous cognez si fort vous aurez maille à partir avec monseigneur de Paris, qui est fort chatouilleux à l’endroit des privilèges de l’Église.

– Eh ! monsieur, s’écria M. de Charny, qui ne se contenait plus, mettez-vous en quête d’une auberge, s’il vous plaît, et laissez-moi faire mon métier !

– Faites, monsieur ; aussi bien est-ce un métier auquel je ne suis pas propre le moins du monde.