Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/474

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les équipages de monseigneur : les ecclésiastiques montèrent dans les carrosses, et les laquais se tinrent prêts, la main à la crinière des chevaux. En ce moment la Déroute courut chercher Belle-Rose.

– Hé ! capitaine, lui dit-il, le tour est fait, hâtez-vous.

Belle-Rose entra dans la chambre du sergent. Le cocher, tout déshabillé, dormait comme un bienheureux sur le lit de la Déroute, qui riait de tout son cœur. Les habits étaient proprement étalés sur une chaise.

– Il est gris comme un Suisse, dit le sergent ; et afin qu’il ne lui prît pas fantaisie de se réveiller, j’ai mêlé une infusion de pavots à mon petit vin d’Orléans. Ainsi ne vous gênez pas, il n’aura garde d’entendre.

Belle-Rose s’habilla lestement ; le cocher était à peu près de sa taille et blond comme lui ; il s’enfonça le chapeau jusqu’aux yeux et descendit l’escalier. On commençait à crier après lui au moment où il parut dans la cour ; il se dirigea vers le carrosse de l’évêque, et grimpa sur le siège comme s’il n’eût fait que cela toute sa vie. Comme Belle-Rose tournait les talons, Grippard entra tout doucement chez la Déroute.

– C’est fini, lui dit-il.

La Déroute le remercia et disparut. L’évêque était monté dans son carrosse, Belle-Rose toucha les chevaux du fouet et l’attelage partit. On allait grand train ; des valets armés de torches couraient au-devant de la voiture, éclairant la route. À un quart de lieue de l’abbaye, Belle-Rose remarqua sur le revers de la chaussée des gens d’assez mauvaise mine qui regardaient curieusement le cortège. Il se souvint des avertissements de M. de Pomereux, appliqua un coup de fouet à ses chevaux et passa sans être inquiété ; la livrée de monseigneur l’évêque le protégeait. On relaya à Meulan, et vers minuit on arriva à Mantes. La première personne que Belle-Rose aperçut dans la cour du palais épiscopal, ce fut