Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/483

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on pouvait se douter de ma présence, ce n’est pas à cette heure qu’on me chercherait.

– Et d’ailleurs, vous rencontrât-on, comment pourrait-on vous reconnaître, en compagnie de ce petit bonhomme ? C’est notre providence à nous que cet enfant.

Mais la providence dormait de tout son cœur. La Déroute l’avait assise devant lui et la soutenait entre ses bras. Quand on fut proche de la barrière du Maine, Belle-Rose descendit de cheval.

– Tu vas te rendre à la rue du Roi-de-Sicile, chez M. de Pomereux, dit-il au sergent ; quoi qu’il arrive, vous y serez en sûreté.

– Et vous ?

– Moi, je vais chez l’honnête M. Mériset.

– Seul ?

– Non, avec mon épée.

– À pied ?

– Sans doute ! les fers d’un cheval sont indiscrets : ils diraient d’où je viens et où je vais à tout le quartier.

La Déroute regardait tour à tour le capitaine et l’enfant.

– Si nous nous y rendions tous trois, dit-il enfin.

– Mon brave sergent, répondit Belle-Rose, ce serait exposer le petit sans profit pour les grands.

Il jeta la bride de son cheval aux mains de la Déroute, et tandis que l’un se dirigeait vers la rue du Roi-de-Sicile par la rue Saint-Jacques, l’autre prenait du côté de la rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice. La nuit était noire ; il faisait un grand vent qui chassait de lourdes nuées dans le ciel ; les girouettes criaient sur les toits, et les ais mal ajustés des vieilles portes grinçaient sur les gonds tremblants. Parfois on voyait d’immobiles étoiles scintiller entre les déchirures des nuages dont les pans échevelés semblaient raser les grandes tours de Notre-Dame. Belle-Rose serra son manteau autour de ses épaules, s’assura que son épée et son poignard jouaient facilement dans leur gaine, et s’enfonça dans le faubourg Saint-