Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/490

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s’armer d’un poignard. La lutte fut courte et décisive : doué d’une force terrible, Belle-Rose prit l’espion à bras-le-corps, et le faisant ployer, il lui plongea son poignard dans la poitrine jusqu’à la garde. L’homme tomba en poussant un cri désespéré. Un cri terrible répondit à ce cri. Belle-Rose prêta l’oreille et entendit du côté de la rue des Arcis le bruit d’une troupe d’archers qui accouraient ; il jeta son manteau et se précipita vers la rue du Roi-de-Sicile par la rue de la Verrerie.

En trois minutes il atteignit l’hôtel de M. de Pomereux, grimpa, en s’aidant des sculptures et des saillies, au balcon qui régnait devant la façade, fendit la jalousie d’un coup de poignard, brisa la vitre, ouvrit la fenêtre et bondit dans l’appartement. Au même instant, un coup de feu éclata dans la rue ; la balle fit sauter le châssis derrière Belle-Rose. À cette brusque détonation, M. de Pomereux, qui causait avec la Déroute devant la cheminée, saisit son épée.

– Belle-Rose ! s’écria-t-il à la vue du capitaine.

Belle-Rose jeta son poignard ensanglanté sur le tapis.

– Monsieur le comte, lui dit-il, je viens au nom de Gabrielle vous demander l’hospitalité.


M. de Pomereux devina aux paroles de Belle-Rose que le danger était grand ; chez un homme de ce courage, elles indiquaient la certitude d’un péril imminent. Le comte saisit la main du capitaine et la serra.

– Vous avez prononcé un nom qui vous fait inviolable ; je réponds de vous corps pour corps, lui dit-il.