Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/492

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– La rue est à tout le monde, mais l’hôtel est à moi, dit le comte fièrement.

– Laissez-moi prendre mes pistolets, et je chargerai toute cette canaille, reprit le sergent, à qui la pensée du péril qu’avait couru son maître donnait la fièvre.

– On ne fait pas de sortie quand le siège n’est pas commencé, dit M. de Pomereux en souriant. Avant de combattre, nous parlementerons.

La Déroute repoussa les pistolets dans sa ceinture et retourna à la fenêtre ; caché derrière le volet, il pouvait tout sans être vu. Un changement s’était opéré dans la manœuvre de l’ennemi ; il n’y avait plus que deux hommes devant la grande porte ; les autres s’étaient dispersés autour de l’hôtel, veillant sur chaque issue.

– La place est investie, dit la Déroute, la tête tournée vers le comte ; faut-il ouvrir le feu ?

– Eh ! non, mordieu ! ne saurais-tu trouver dans ton esprit d’autres ressources que des batailles ? s’écria le comte.

Belle-Rose s’informa de Gaston.

– Oh ! reprit la Déroute, le petit bonhomme est en train de dormir pour vingt-quatre heures si nous le laissons faire.

Comme il parlait encore, on entendit au milieu de la rue le galop précipité d’un cheval. Les yeux de chat de la Déroute eurent bien vite reconnu le cavalier qui accourait à toute bride.

– M. de Charny ! murmura-t-il.

– C’est bien, dit M. de Pomereux : le tigre après les loups.

Trois secondes après, un coup violent ébranla la porte de l’hôtel ; un autre coup le suivit brusquement.

– Jean, reprit le comte en s’adressant à l’un de ses laquais, prenez un flambeau, ouvrez la porte, et conduisez vers moi la personne qui frappe. Elle seule, entendez-vous ?