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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/494

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vous plus tôt fait de m’expliquer vos raisons. Je pourrais bien chercher trois heures et ne rien trouver après, si vous m’abandonniez à mes seules méditations.

M. de Charny comprit bien que M. de Pomereux raillait, mais il se contint.

– Alors, monsieur, reprit-il, je serai bref.

– Je suis tout oreilles, monsieur.

– Un homme s’est réfugié chez vous cette nuit ?

– Permettez ; il serait plus exact de dire qu’un de mes amis m’a rendu visite ; vous le savez, les visites se font à toute heure.

– Cet homme est en rébellion contre les lois du royaume.

– Mon Dieu ! les lois sont quelquefois si complaisantes !

– Il s’est révolté contre l’autorité du ministre qui représente le roi.

– Ce qui me plaît en vous, monsieur de Charny, c’est qu’on ne peut vous accuser de flatter la royauté. C’est bien beau dans un temps où il y a si peu de gens sincères.

– Tout à l’heure encore, continua M. de Charny, qui était résolu à ne pas s’arrêter aux épigrammes du comte, cet homme a tué ici près un des soldats de Sa Majesté.

– Pardon, mon bon monsieur de Charny, êtes-vous bien sûr que ce fût un soldat ? Les soldats ont-ils coutume de rôder la nuit sur les talons des gens comme des coupeurs de bourse ? S’il y avait quelque ordonnance nouvelle à ce sujet, je serais vraiment curieux de la connaître.

– Après cet assassinat…

– Un duel, monsieur.

– Après cet assassinat, reprit froidement M. de Charny, le meurtrier s’est jeté dans votre hôtel, où vous l’avez accueilli.

– Ma foi, mon cher monsieur, j’avoue que je n’ai point pour habitude de mettre à la porte ceux qui viennent me voir.