Aller au contenu

Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/496

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

– Cependant, continua M. de Pomereux avec le même sang-froid, si, durant les quelques jours où j’ai été privé de votre compagnie, vous étiez entré dans la magistrature, veuillez me l’apprendre, et vous me verrez tout disposé à m’entendre avec vous.

– Eh ! monsieur ! il n’est point nécessaire d’être de robe pour avoir le droit d’arrêter un misérable ! s’écria M. de Charny que la rage tourmentait.

– Ce misérable est de mes amis, monsieur, et encore, si je consens à le livrer, ne dois-je le faire qu’à bon escient.

– Eh bien ! ne suis-je pas de la maison de M. de Louvois ?

– Sans doute.

– N’ai-je pas toute sa confiance ?

– On le dit.

– Ne m’a-t-il pas chargé de cent missions plus importantes que celle-ci ?

– Certainement.

– Et vous hésitez encore ?

– Pas le moins du monde.

– Enfin ! s’écria M. de Charny comme un homme déchargé d’un grand poids.

– Quand on est si bien avec un si grand ministre, on a bien toujours sur soi un petit ordre, quelque blanc-seing, une lettre de cachet, la moindre bagatelle. Exhibez-moi vos pouvoirs, et tout s’arrangera à notre contentement mutuel.

M. de Charny était pâle déjà ; la fureur le rendit livide. M. de Pomereux, qui attachait sur lui un regard perçant, avait deviné juste ; dans sa précipitation à suivre Gargouille, M. de Charny ne s’était muni d’aucun papier qui pût lui conférer un pouvoir officiel.

– J’attends, reprit le comte.

M. de Charny se leva d’un bond.

– Ainsi, vous refusez ? s’écria-t-il d’une voix tremblante de colère.