Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/499

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sortir de cette situation violente. Ce fut M. de Pomereux qui rompit le premier le silence.

– Tout ce qui vient de se passer, dit-il avec une aisance parfaite, doit nous prouver à tous que chacun de nous ici a une volonté ferme et nette. Vous, M. de Charny, vous voulez Belle-Rose mort ou vivant ; vous, Belle-Rose, vous êtes décidé à vous battre jusqu’à la dernière goutte de votre sang ; je vois là-bas mon ami la Déroute qui est aussi de cet avis.

– Certainement, dit le sergent.

– Quant à moi, continua le comte, je suis très résolu à ne pas souffrir que M. de Charny attente à la liberté de mon hôte.

– Si je poussais un cri, mes gens envahiraient l’hôtel, dit le confident.

– Essayez, j’ai trente laquais armés jusqu’aux dents, et parmi eux, il y en a qui portent la livrée de M. de Condé.

M. de Charny se tut.

– Je vois, monsieur, que vous êtes convaincu comme moi de l’inefficacité de ce moyen ; cherchons-en donc un autre. Il m’est venu tout à l’heure une idée, et la voici.

Tous les regards se tournèrent vers M. de Pomereux, qui parlait comme s’il avait été au coin de son feu après souper.

– La querelle est entre Belle-Rose et M. de Charny, reprit-il, chacun d’eux a son épée : qu’ils la tirent et qu’ils se battent. Voilà des flambeaux pour éclairer ce tournoi ; la Déroute et moi servirons de témoins.

– Et quel sera le résultat de ce duel à huis clos ? demanda M. de Charny, tandis que Belle-Rose tirait déjà son épée du fourreau.

– Parbleu ! vous me faites là une plaisante question, mon bon monsieur de Charny. Si Belle-Rose vous tue, il est clair que vous ne l’empêcherez plus d’aller où bon lui semblera ; si, au contraire, vous le tuez, il lui importera