Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/504

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Au lieu de se diriger sur Chantilly, le carrosse de M. de Pomereux, aussitôt qu’on eut dépassé Saint-Denis, tourna du côté de Pontoise. Gaston, qui avait un moment ouvert les yeux, les ferma bientôt et se rendormit, bercé par le mouvement de la voiture. La Déroute se frottait les mains et regardait parfois du côté de Paris en riant aux éclats.

– Ma foi, capitaine, dit-il, quand on fut en pleine campagne, M. de Pomereux a peut-être raison, mais j’avoue que la figure furibonde et désespérée de M. de Charny me remplissait de joie ; il était sur sa chaise, blanc comme un spectre, et s’écorchant la paume des mains avec ses ongles. Mort, il n’eût été que mort ; vivant, il enrage !

Le soleil brillait depuis deux ou trois heures quand l’attelage écumant s’arrêta devant les portes de l’abbaye. Grippard, qui était comme une âme en peine lorsqu’il ne voyait pas le sergent, signala le premier l’arrivée du carrosse. Suzanne, prévenue par lui, accourut au-devant de Belle-Rose.

– C’est à M. de Pomereux que je dois de vous revoir, dit le capitaine en présentant le comte à sa femme.

Suzanne prit les deux mains de M. de Pomereux entre les siennes.

– Encore vous ! s’écria-t-elle ; vous êtes prodigue de dévouement.

– Que voulez-vous, madame ! répondit le comte, quand je m’avise d’avoir une vertu, il faut toujours que j’y couse un défaut.

Gaston regardait tout d’un air sérieux, tenant par la