Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/531

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– Eh ! monsieur, ajouta le prince, c’est une entreprise quelque peu hardie et qui pourrait bien coûter, sans résultat, la vie à beaucoup de braves gens. Veuillez tout d’abord ne prendre avec vous que peu de monde.

– Donnez-moi dix hommes, si vous voulez, mon prince, répondit Belle-Rose.

– Vous en aurez vingt, et, si la chose est possible, croyez que nous serons bientôt à vos côtés. Soldat, j’y serais tout de suite ; général, je dois attendre.

Belle-Rose partit comme un trait. Dix cuirassiers du régiment de M. de Revel, dix volontaires des gardes du corps et trois ou quatre officiers de la suite du prince le suivirent. On ne savait pas encore ce qu’il prétendait faire, mais on le prévoyait déjà. Derrière lui venaient ensemble Cornélius, la Déroute et Grippard. Comme on touchait au rivage, on rencontra une troupe de gentilshommes, parmi lesquels était M. de Pomereux. Le jeune officier avait revêtu son uniforme le plus beau, espérant bien qu’on se battrait un peu. Il était tout couvert d’aiguillettes et de rubans.

– Où courez-vous donc ? s’écria le comte.

– Là-bas ! répondit Belle-Rose en lui montrant la tour de Tolhus du bout de son épée.

– Voulez-vous passer le Rhin ?

– Sans doute.

– À cheval ?

– Parbleu !

– Mais c’est impossible ! s’écrièrent deux ou trois gentilshommes.

– Venez d’abord, et vous verrez.

– Au fait, si c’était facile, ce ne serait pas la peine d’essayer ! s’écria le comte.

– Allons ! dirent les autres en dégainant.

M. de Pomereux avait déjà poussé son cheval auprès de Belle-Rose. La petite troupe se jeta dans l’eau. Il y avait là M. de Maurevert, le comte de Saulx, le marquis