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Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/560

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traînée par deux chevaux et conduite par un cocher ; il y avait un laquais en avant avec une torche enflammée. Cette voiture était de couleur sombre et ne portait pas d’écusson sur les panneaux. Au moment de passer la porte cochère, un homme abattit une glace et montra sa tête blême.

– Chez la Voisin ! dit-il.

Cet homme, c’était M. de Charny.

Belle-Rose s’élança derrière la voiture et la suivit. La Déroute et Grippard couraient sur ses talons. L’état des rues et l’obscurité profonde ne permettaient pas à l’équipage d’avancer fort vite. Belle-Rose et ses deux compagnons, habitués à tous les exercices du corps, ne la perdaient pas de vue. Ils arrivèrent ensemble derrière Saint-Germain-l’Auxerrois, rue de l’Arbre-Sec. La rue était déserte et sombre ; Belle-Rose trouvant le lieu propice au dessein qu’il méditait, précipita sa course et sauta d’un bond à la portière du carrosse qu’il ouvrit. La Déroute avait mis la main au mors des chevaux ; Grippard s’était chargé du laquais. Tout s’arrêta à la fois.

– Fouettez les chevaux ! cria M. de Charny.

– Fouette, et tu es mort, répondit la Déroute en montrant un pistolet au cocher.

Le laquais, qui était un homme résolu, enfonça ses éperons dans le ventre de son cheval, et frappa Grippard à la tête d’une espèce de couteau de chasse qu’il portait à la ceinture. Le grand chapeau du caporal para l’attaque, et il riposta par un coup de pointe qui entra dans le corps du laquais ; l’homme tomba sous les pieds du cheval, qui se cabrait. Grippard lâcha les rênes qu’il tenait près du mors, et l’animal effaré partit au galop. Le fouet s’échappa des mains du cocher épouvanté. L’arrestation du carrosse et la chute du piqueur avait duré l’espace de dix secondes. M. de Charny regardait entre les deux yeux cette grande figure noire qui s’était si brusquement dressée devant lui ; mais le visage était