Page:Achard - Belle-Rose, 1847.djvu/85

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de son hôte ne fût une émissaire de la rue Cassette. En conséquence le lendemain il demeura chez lui toute la journée et attendit. Personne ne parut. Ce fut ainsi le jour suivant. Belle-Rose retourna à ses recrues.

– Parbleu ! dit-il, si l’on veut me voir, qu’on m’écrive. Il y a des plumes pour tout le monde.

Comme il revenait deux jours après, vers le soir, il vit au bout de la rue un carrosse arrêté ; une femme était debout devant la portière, et à côté de la femme, un homme se tenait incliné, son bonnet à la main. Cet homme était M. Mériset : l’intelligent propriétaire aperçut Belle-Rose du coin de l’œil et lui fit un signe imperceptible pour l’engager à se hâter. Belle-Rose accourut, mais la femme sauta lestement dans le carrosse, le cocher poussa les chevaux, et l’équipage disparut dans la rue de Vaugirard. M. Mériset frappa du pied, ce qui, dans l’état de ses habitudes paisibles, dénotait une violente contrariété.

– Cinq minutes plus tôt, et vous la teniez ! s’écria-t-il.

– C’était donc elle ?

– Non pas.

– Qui donc, alors ?

– Une autre.

– Jeune, vieille, laide ou jolie ?

– Peut-être l’un, peut-être l’autre. Je ne sais pas.

– Vous l’avez cependant bien vue ?

– Du tout. Elle avait un grand voile noir sur la figure.

– Quoi ! vous n’avez rien vu, rien ?

– Rien, sauf le pied.

– Ah !

– Un pied de duchesse !

– Parbleu ! Mais dites-moi, monsieur Mériset, cette duchesse avait-elle, comme la marquise, l’air contrarié de ne m’avoir pas trouvé ?

– Au contraire. C’est au moins ce que je me suis dit en la voyant sauter en voiture.

– C’est juste. Elle ne venait donc pas pour me parler ?