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XI

LES SECOURS DU HASARD Telle n’était pas la situation d’esprit dans laquelle se trouvaient Magnus et Carquefou, que nous avons laissés sur la grand-route après leur rencontre avec l’homme à la jambe cassée.

Aux portes de la ville prochaine, où ils étaient arrivés dans la nuit après une marche forcée, ils apprirent qu’on n’avait vu ni troupes de cavaliers, ni carrosses, ni prisonniers.

— Voilà quatre jours, leur dit un bourgeois, que personne ne passe par ici. Il y a un régiment suédois à deux lieues, vers le nord, un régiment croate à une lieue, vers le midi, si bien que personne n’ose s’aventurer sur les routes.

— Le coquin nous aurait-il trompés ? dit Carquefou, qui pensait au blessé.

— Non, il avait trop peur…, répondit Magnus. Le scélérat que nous poursuivons aura changé de direction.

Ils revinrent tristement sur leurs pas. Tout indice s’effaçait. Ils marchaient au hasard dans un pays inconnu, et par des chemins hostiles où mille dangers pouvaient surgir à toute minute. Combien de maraudeurs n’y rencontraient-ils pas ! Combien de partisans toujours en quête de belles armes et de bons chevaux ! Mais aucune considération ne pouvait