XIII
LA BATAILLE Un hasard cependant pouvait donner l’éveil à la garnison ; il n’y avait pas de temps à perdre si l’on voulait mettre une grande distance entre les fugitifs et le château de Rabennest. Les chevaux, attachés dans un coin sombre de la gorge, les attendaient ; Rudiger se chargea d’éclairer la route, Magnus et Carquefou prirent en croupe Armand-Louis et Renaud, et l’on partit au galop.
À la première halte, Carquefou courut dans un village voisin et en revint avec des chevaux frais pour ses maîtres ; il y avait des pistolets aux fontes de la selle et une épée accrochée au pommeau.
— Il faut croire qu’on s’est battu aux environs, dit-il ; on m’a donné les bêtes et les armes pour vingt pistoles.
Quelques heures de sommeil et quelques tranches de gigot froid arrosées d’un bon verre de vin vieux rendirent à M. de la Guerche et à Renaud une partie des forces qu’ils avaient perdues.
Renaud tira son épée du fourreau et en fit ployer la lame.
— Fine, souple et bien en main !… dit-il. Sainte Estocade, j’imagine, me fournira prochainement l’occasion d’en essayer la trempe !