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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/14

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longtemps que nous serons en vie, ne croyez jamais que Mlle de Pardaillan et Mlle de Souvigny soient perdues.

— Voilà un mot que je n’oublierai jamais ! s’écria le marquis.

Il ouvrit ses bras, les deux jeunes gens s’y jetèrent, et il les retint longtemps pressés sur son cœur.

Comme ils sortaient de la tente de M. de Pardaillan, et tandis que Renaud s’essuyait les yeux, ils rencontrèrent Carquefou, qui astiquait le pommeau de sa rapière avec la manche de sa casaque de cuir.

— Monsieur, dit l’honnête valet en s’approchant de M. de Chaufontaine, j’ai les oreilles longues, ce qui fait que j’entends même quand je n’écoute pas… Pourquoi avez-vous parlé tout à l’heure à M. le marquis de Pardaillan du secours de deux hommes ? Ne me comptez-vous point, monsieur, ou à votre sens ne suis-je pas un homme tout entier ? On peut être poltron de naissance, poltron par caractère et par principe, et n’en pas être moins brave dans l’occasion. C’est ce que je me propose de vous démontrer quand nous serons sous les murs de Magdebourg. Cela dit, monsieur, permettez-moi d’aller faire mon testament ; car, pour sûr, nous ne reviendrons pas de cette expédition.

Armand-Louis, ayant laissé à Renaud le soin de tout préparer pour leur départ, se rendit chez le roi. Son nom lui ouvrit toutes les portes. Il trouva auprès de Gustave-Adolphe le duc François-Albert, qui semblait examiner des cartes et des plans étendus sur une table.

La vue du Saxon rappela à M. de la Guerche les recommandations de Marguerite. Au sourire gracieux du duc, il répondit par un froid salut ; puis, élevant la voix :

— Je ne viens pas près de vous, Sire, pour les affaires de mon service, dit-il : un intérêt personnel m’y a conduit. Puis-