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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/141

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si plaintive, son chant si désolé, que Magnus en avait le cœur gros.

Au point du jour, deux hommes de la tribu à laquelle appartenait Yerta se glissèrent dans le camp, entourèrent le corps de la bohémienne d’un manteau, et l’ensevelirent dans un endroit écarté ; après quoi ils s’éloignèrent furtivement comme des oiseaux de nuit.

Deux ou trois fois dans la journée, on vit Yerta rôder autour de la tente de M. de la Guerche ; elle le suivait des yeux quand il passait, et il s’arrêtait devant elle ; Yerta tremblait tout à coup, et son visage se couvrait de larmes. Quand il ne la voyait pas, elle prenait le bas de son manteau et le portait à ses lèvres.

Une fois, étant seule, elle s’introduisit dans la tente d’Armand-Louis, guetta un instant, regarda bien tout, vit dans un coin un gant qu’il avait porté la veille et s’en empara vivement ; puis ses regards tombèrent sur un médaillon suspendu entre deux épées contre le mât qui soutenait sa tente. Elle s’en saisit avec une sorte de mouvement félin, fit jouer le ressort du couvercle d’or, et vit un portrait de femme. Yerta devint pâle et s’assit sur un coffre. Elle l’examina longtemps, presque inanimée, puis le replaça entre les deux épées, rejeta le gant et se sauva.

Le soir elle avait disparu.

Lorsque M. de la Guerche demanda à Magnus ce qu’était devenue Yerta, Magnus lui montra un oiseau qui voletait de branche en branche sur un arbre voisin.

— Où va cet oiseau ? dit-il.