Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/151

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M. de Pappenheim et Mme d’Igomer se regardèrent bien en face, les yeux dans les yeux.

— Pas de grands mots, poursuivit Thécla, disons les choses comme elles sont. Il y a deux jeunes filles, l’une que vous avez aimée un jour…

— Ah ! vous savez ?

— Je me mêle de diplomatie, et un diplomate ne doit rien ignorer. Qu’elle aime M. de la Guerche, alors que Jean de Werth l’aime de son côté, c’est une affaire à régler entre Jean de Werth et M. de la Guerche. Vous n’avez à tirer l’épée ni pour l’un ni pour l’autre. Mais, à côté de Mlle de Souvigny il y a Mlle de Pardaillan, et c’est une chose à laquelle vous n’avez pas assez pris garde.

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire que Mlle de Pardaillan, comtesse de Mummelsberg par sa mère, est par conséquent presque Allemande, et que son comté relève de la couronne d’Autriche, dont vous êtes l’un des plus héroïques serviteurs. Fille unique et unique héritière de M. le marquis de Pardaillan, un homme pour qui le Pactole coule en Suède, elle est digne de flatter l’orgueil et de mériter l’amour des plus grands seigneurs de l’Allemagne. On sait des yeux qui l’admirent et ne regardent qu’elle lorsque les deux cousines sont ensemble.

— Elle est charmante, en effet, murmura M. de Pappenheim.

Thécla se rapprocha de lui.

— Croyez-vous que, prisonnière de l’empereur Ferdinand, le maître de l’empire hésiterait à la donner à celui qui l’a si vaillamment servi ? reprit-elle. Que de domaines alors ajoutés aux domaines de Pappenheim ! Il est vrai que M. le marquis de Chaufontaine l’adore et que M. de Chaufontaine,