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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/162

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toutes les embûches. Quand elles avaient traversé le palais tout retentissant des mille bruits d’une fête et tout illuminé, elles s’agenouillaient humblement et priaient. Alors, il ne restait plus rien en elles des souillures du jour. Les ruses de Mme d’Igomer étaient vaincues.

Grâce à la complicité de son associée, M. de Pappenheim, vaincu à Leipzig, avait pu librement communiquer avec Mlle de Pardaillan. L’heure des hésitations était passée ; le grand maréchal revenait du champ de bataille l’âme ulcérée par la défaite ; il avait vu ces mêmes cuirassiers tomber sous les coups de ces mêmes dragons auxquels il avait rendu des chefs ; il avait aperçu M. de Chaufontaine dans la mêlée ; il avait pu juger de la pesanteur de son bras ; il avait dû reculer, entraîné par la fuite des siens. Et c’est à cet adversaire heureux qu’il abandonnerait maintenant l’héritière qui lui était offerte ?

— Non ! non, jamais ! s’écria M. de Pappenheim. Il m’a vaincu, à mon tour de le vaincre et de me venger !

Et, enraciné dans sa résolution nouvelle, il n’hésita plus à tout tenter pour l’emporter dans le cœur de Mlle de Pardaillan.

La promesse qu’il avait hautement engagée à M. de la Guerche l’avait fait recevoir tout d’abord presque sur le pied d’intimité. La loyauté native de Mlle de Souvigny répugnait à la pensée d’une trahison, et, confiée au comte par Armand-Louis, elle voulait le croire digne de cette confiance. L’attitude qu’il avait auprès d’elle la rassurait d’ailleurs pleinement ; mais que devint-elle, lorsqu’un jour Diane, effarée, lui fit part d’un entretien qu’elle venait d’avoir avec leur sauveur !

— Ah ! je ne sais ce qui vaut le moins, dit-elle, de la brutalité, de l’arrogance de Jean de Werth, ou de la galanterie et des ruses de M. de Pappenheim !