Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/17

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— Pas même au duc de Lauenbourg, n’est-ce pas ? répondit le roi avec un sourire.

— Au duc de Lauenbourg, surtout.

— Vos affaires sont les vôtres ; je me tairai, dit le roi avec une nuance de dépit.

Le duc François-Albert n’était pas dans la galerie qui précédait l’appartement du roi, mais Armand-Louis y découvrit Arnold de Brahé.

— Ah ! dit-il en courant à lui, le visage d’un ami là où je craignais de rencontrer une figure détestée… c’est une double bonne fortune !

Puis l’entraînant dans l’embrasure d’une fenêtre :

— Vous aimez le roi comme vous aimez la Suède ? reprit-il.

— C’est mon maître par la naissance, c’est mon maître aussi par le choix : ma vie et mon sang sont à lui.

— Alors, veillez sur Gustave-Adolphe.

— Qu’y a-t-il donc ?

— Il y a un homme que le roi aime et qui hait le roi.

— Le duc de Saxe-Lauenbourg ?

— Plus bas ! plus bas ! Quand cet homme sera dans la chambre du roi, soyez debout près de la porte, la main sur la garde de votre épée. S’il l’accompagne à la chasse, galopez auprès de lui. Si quelque expédition attire le roi loin du camp, ne perdez pas l’autre de vue. Qu’il sache bien qu’un cœur dévoué est là, et que des yeux fidèles surveillent toutes ses actions. Il est lâche, alors peut-être n’osera-t-il rien. Foi de gentilhomme, si je vous parle ainsi, c’est que j’ai de graves raisons pour le faire.

— Soyez sans crainte, je marcherai dans son ombre, je respirerai dans son air, dit Arnold, qui serra vigoureusement la main d’Armand-Louis.