Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/171

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quelque chapelle, où un bon moine s’abandonnait à toute la chaleur d’une exhortation religieuse.

Certaines fois, et quand Mme d’Igomer avait mal dormi, la musique remplaçait le sermon.

Il ne paraissait pas que l’inconsolable Thécla regrettât beaucoup Wallenstein, ni qu’elle donnât une large part de son temps à la mélancolie ; mais c’était peut-être le séjour de la campagne qui en était cause.

Un père franciscain avait la charge d’extirper du cœur de Mlle de Souvigny et de Mlle de Pardaillan les racines que les doctrines abominables de l’hérésie y avaient fait pousser. Il les persécutait benoîtement.

Le gouvernement du château était dévolu à un homme maigre, hâve, couleur de citron, sinistre, patibulaire. La première fois qu’elle l’aperçut, Mlle de Souvigny frissonna. Elle gardait le souvenir de ce profil menaçant dans un coin de sa mémoire.

Quand elle entendit prononcer le nom de Mathéus Orlscopp, elle fut glacée de terreur.

— Ah ! l’homme de Bergheim ! s’écria-t-elle.

C’était en effet Mathéus Orlscopp qui, vaincu au château de Rabennest, voulait prendre sa revanche au château de Drachenfeld. Les hommes lui avaient échappé, mais les femmes lui restaient. Il avait même une double offense à punir, et Mme d’Igomer pouvait compter sur son dévouement.

On se rappelle que, grâce aux précautions prises par Carquefou, Mathéus Orlscopp était resté suspendu à ce crochet qui avait porté quelque temps le corps endolori de Renaud, dans la chambre verte du château de Rabennest. Mathéus n’avait obtenu sa délivrance que quelques heures après le départ des fugitifs. Le gardien chargé de porter sa maigre nourriture au captif avait trouvé le maître de Rabennest blême,