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Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/214

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par deux têtes blondes, répondit M. de Bérail.

— Et que conquise elle ne sera pas pour nous, ajouta M. de Saint-Paer.

— On pourrait aussi nous comparer à trois cents Persées qui vont délivrer deux Andromèdes, reprit M. d’Arrandes.

— Ma foi, vive la guerre ! s’écria gaiement M. de Voiras ; il n’y a que cela qui fasse vivre.

— Quand cela ne tue pas, murmura tout bas Carquefou.

Les propos ne tarissaient pas : on riait beaucoup et on faisait grand bruit.

— Messieurs, dit Magnus tout à coup, ne parlons plus trop français à présent, nous sommes en pays ennemi.

Et du doigt il montra aux huguenots une compagnie de cavaliers croates qui traversaient à gué un ruisseau, chassant devant eux un troupeau de vaches.

— Le Rubicon est passé ! s’écria M. de Collonges.

Sa joie fut telle, qu’il fit faire deux ou trois pirouettes à son cheval.

— Hélas ! dit Carquefou.

Et tristement il se signa trois fois.